Plaidoyer pour la bande dessinée.
Texte légal :
J’entends souvent critiquer la bande dessinée autour de moi. On lui reproche de priver les jeunes du goût de la lecture, d’appauvrir leur capacité à s’exprimer, de les abêtir, de leur donner de la vie une image irréelle. Sans méconnaître la part de vérité que contiennent ces critiques, je refuse de condamner systématiquement la bande dessinée. Je l’apprécie et je lui reconnais des aspects positifs.
En premier lieu, la bande dessinée est un livre. En tant que tel, elle met l’enfant ou l’adolescent au contact d’un ouvrage. Il le tient, il en tourne les pages, de sorte qu’il s’habitue à cette activité qu’on nomme la lecture. Peu à peu, il en acquerra le goût. On sait ainsi qu’un enfant de trois ans qui feuillette de petits livres, a plus de chances d’aimer la lecture dans l’avenir qu’un autre enfant qui n’aura pas été mis au contact de livres illustrés.
En deuxième lieu, les bandes dessinées sont souvent réalisées par dessinateurs de talent. Dès lors, elles mettent le jeune lecteur au contact d’une autre forme d’expression que le langage :le dessin. Et cela est important. Autrefois en effet, on cantonnait les jeunes dans une seule forme d’expression : le langage. Ce serait une erreur que de procéder ainsi aujourd’hui, car la civilisation a changé. Elle utilise diverses formes d’expression, notamment l’image. En familiarisant les jeunes à cette dernière, la bande dessinée leur offre un second langage, et donc un moyen supplémentaire de s’exprimer.
En plus, la bande dessinée permet au jeune lecteur de découvrir des lieux et des époques qu’il ignore ou qu’il ne se représente que vaguement. Les bandes dessinées les lui montrent et les lui précisent. Ainsi, en lisant les albums de Tintin, le lecteur découvre les divers paysages du globe : du désert du Tibet aux glaces de l’Antarctique, et même, au delà de la terre, les paysages lunaires. En lisant Astérix, le jeune lecteur se représente ce qu’étaient les soldats romains : leurs costumes, leur organisation en centuries, leurs stratégies militaires, et la vie en Gaule à cette époque. Sous l’humour ou l’aventure, les décors et les personnages sont là, révélateurs de lieux et d’époques, et par conséquent porteurs de connaissances. Dans ces conditions, on voit comme est injuste le reproche qu’on adresse souvent à la bande dessinée : elle abêtit ses lecteurs !
En dernier lieu, la bande dessinée n’est pas décalée par rapport à la vie comme on le prétend, mais au contraire bien intégrée à la vie. Elle la reflète. Par la variété de ses décors et des ses situations, elle est une fresque fidèle de la réalité. Elle représente ainsi le quotidien, c’est-à-dire la vie que peut mener l’homme moyen, mais elle évoque aussi des événements exceptionnels ou des phénomènes naturistes qui pourraient bien se produire à l’avenir. Bref, elle illustre la vie de façon complète. En la regardant, en parcourant ses divers albums, l’enfant a sûrement de la vie une conception plus juste que s’il restait confiné dans son univers familier.
En somme, pour toutes ces raisons, je pense que la bande dessinée a d’indéniables qualités, et peut être un moyen de culture autant que divertissement. Certes, elle est parfois médiocre, mais il suffit d’apprendre très tôt au jeune lecteur à choisir ses bandes dessinées, à distinguer entre le dessin vulgaire et l’image de talent, entre le récit intelligent et le scénario stupide. Il convient aussi d’habituer l’enfant à varier ses activités de loisirs : à faire alterner ainsi l’emploi de la bande dessinée.